Non, les intolérants au gluten ne sont pas des illuminés !

Mar 4, 2014 | 2 commentaires

Symptômes de l’intolérance et allergie au gluten, diagnostic de la maladie coeliaque, régime sans gluten… Le Dr Florence Guillem-Solsona, médecin nutritionniste, fait le point. Et découvrez toutes mes idées de recettes sans gluten.

Il y a 100 ans, nous n’étions pas autant exposés au gluten.

Cookismo : Quelles hypothèses émettez-vous quant à l’apparition de l’intolérance grave au gluten (maladie coeliaque) ?
Dr Florence Guillem-Solsona : La seule hypothèse que je peux formuler, c’est que le gluten est partout à cause de l’industrie agroalimentaire. Avant, le gluten se trouvait dans les aliments à base de farine. Sa consommation était donc régulière, quotidienne même, mais dans des quantités raisonnables. Aujourd’hui, il y en a partout ! Les personnes qui y sont intolérantes le constatent tous les jours : savez vous qu’il y a du gluten dans certaines épices en poudre vendues en flacon ? Dans certaines cacahuètes salées, dans les steaks hachés vendus sous emballage ? Que vient faire le gluten dans ces aliments là ?! Il semble donc que nous sommes actuellement très exposés au gluten, ce qui n’était pas le cas il y a 100 ans…

Sans marqueur biologique, les allergiques au gluten étaient considérés comme des “illuminés”.

Quelles évolutions avez-vous constatées dans la détection et prise en charge de la maladie coeliaque  ?
Dr G.-S. : J’ai constaté une évolution énorme. Lors de mes études, j’ai appris que seules les personnes ayant une biopsie de l’intestin positive et des anticorps anti gluten positifs étaient atteintes de la maladie coeliaque et devaient exclure le gluten de leur alimentation. Tous ceux qui le faisaient sans ces preuves étaient considérés comme des “illuminés”. Aujourd’hui, de plus en plus de médecins écoutent ce que leurs patients ont à leur dire, à savoir qu’ils sont nettement mieux sans gluten. Et pourtant, ils n’ont aucun signe biologique de cette maladie… ou plutôt, ils n’ont pas les signes que nous recherchons ! Un jour, probablement, les chercheurs trouveront d’autres marqueurs d’intolérance au gluten et ces personnes-là seront alors positives. Quoi qu’il en soit, qui sommes nous, nous médecins, pour oser dire à ces patients qu’ils doivent consommer du gluten alors que eux savent très bien qu’ils ne le tolèrent pas ! Je reçois de plus en plus de patients qui viennent consulter pour des intolérances alimentaires mais je ne peux pas dire si c’est parce-qu’ils sont plus nombreux dans la population générale ou si c’est juste qu’ils savent qu’ils vont (enfin !) être écoutés.

L’intolérance au gluten facilite l’apparition de maladies graves, potentiellement mortelles.

C : La maladie coeliaque : une maladie mortelle ?  
Dr G.-S.: La maladie coeliaque entraîne une malabsorption de certains nutriments lorsqu’un régime sans gluten n’est pas suivi, ce qui à la longue peut poser de sérieux problèmes. Il est difficile de dire que l’on peut en mourir de façon directe, mais en tout cas, on peut être sérieusement malade et en mauvais état général, ce qui facilitera l’apparition de maladies graves et potentiellement mortelles comme les cancers ou les maladies cardio-vasculaires.

Je déconseille formellement d’éliminer le gluten si l’on n’est pas intolérant.

C : L’éviction du gluten de l’alimentation doit-elle forcément se faire sous contrôle médical ?
Dr G.-S. : Il n’y a pas réellement de danger à faire un régime sans gluten contrairement aux régimes amaigrissants qui eux, peuvent présenter de gros dangers. En revanche, il me parait indispensable de prendre un avis médical afin d’éliminer d’une part d’autres diagnostics et de faire cette éviction de façon efficace et méthodique d’autre part. Il ne s’agit pas juste d’enlever le gluten. Parfois, on peut être amené à faire d’autres évictions simultanées. Ensuite, il faut faire une réintroduction (obligatoire pour affirmer le diagnostic d’intolérance). Un médecin compétent sur ce sujet vous guidera dans cette démarche qui doit être rigoureuse pour être efficace. En
revanche, je déconseille formellement de supprimer le gluten lorsqu’on n’est pas intolérant. Nous avons besoin de manger de tout. Supprimer certains aliments n’est jamais bon pour l’organisme : cela ne se justifie que lorsque il existe une intolérance. Je ne suis pas d’accord avec les évictions de gluten ou de protéines de lait de façon systématique chez des personnes asymptomatiques (c’est-à-dire des personnes n’ayant aucun signes en lien avec une intolérance alimentaire).

En cas d’intolérance, quelques jours de régime sans gluten suffisent parfois à améliorer l’état général.

C : Au bout de combien de temps l’intolérant au gluten peut-il espérer une amélioration de son état général en suivant un régime sans gluten ?
Dr G.-S. : En quelques jours parfois. En tout cas, si après plusieurs semaines il n’y a pas ou peu d’amélioration, il faut impérativement remanger normalement et chercher une autre cause au problème (parfois une intolérance à autre chose d’ailleurs). En cas d’intolérance, l’amélioration est franche et rapide. Au bout d’un mois, il faut réintroduire le gluten. Si les symptômes reviennent, il s’agit vraiment d’une intolérance et le gluten doit être banni. Si les symptômes ne reviennent pas, ce n’est pas une intolérance au gluten, l’amélioration des symptômes durant l’éviction était une coïncidence. On peut continuer à en consommer. Bien sûr, on ne fait pas de réintroduction en cas de maladie coeliaque avérée surtout chez l’adulte puisque on est certain du diagnostic.
Vous-même, quel rapport entretenez-vous avec le gluten ?
Je consomme du gluten sans réserve car j’ai la chance de ne pas être intolérante… et tant mieux car j’adore le pain !

Nous sommes faits pour prendre du plaisir à manger.

 C : Vous avez contribué à l’élaboration d’ouvrages dédiés à la cuisine sans gluten, aux protéines vertes et aux autres céréales chez Larousse. Quel message souhaitez-vous faire passer ?
Dr G.-S. : Tout mon travail est basé sur le plaisir de manger. Nous sommes faits pour prendre du plaisir à manger. Cela nous est nécessaire. Lorsque l’on perd ce plaisir, les problèmes surviennent (prise de poids, troubles du comportement alimentaires, etc.). Or, ceux qui ne peuvent pas consommer certaines catégories d’aliments perdent parfois ce plaisir parce-qu’ils n’arrivent pas à varier leur alimentation et à cuisiner de bons petits plats. J’espère que ces livres les aideront à retrouver le plaisir indispensable de cuisiner et de passer à table.

Qui est le Dr Florence Guillem-Solsona ?
Médecin nutritionniste installée à Montpellier depuis 1999


• Diplômée de médecine générale et titulaire d’un DESC de nutrition
• Formée à la psychosomatique et aux thérapies cognitivo-comportementales
• Conseil en restauration collective auprès des collectivités
• Formation dans le domaine de la Petite Enfance
• Ses publications (chez Larousse) : La soupe Minceur; Dis moi comment tu manges, je te dirai comment maigrir; Mon enfant mange mal; Les 50 règles d’or de la minceur; Cuisiner sans gluten; Quinoa, boulghour et autres céréales; Protéines vertes.

 

 

Christelle Vogel

Article rédigé par Christelle Vogel

Cookismo, c’est moi, Christelle Vogel. Alsacienne d’origine, élevée au kouglof et à d’autres recettes alsaciennes traditionnelles, je suis aujourd’hui convertie au sans gluten. Vous trouverez encore néanmoins sur mon blog des archives de mon ancienne vie culinaire :). J’ai dirigé la rédaction Cuisine du Journal des Femmes pendant 3 ans. Actuellement journaliste et consultante freelance, je collabore avec Vital Food, Top Santé, et d’autres sites de nutrition et gastronomie. Depuis février 2017, Monsieur Cookismo et moi vivons à Bordeaux.

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2 Commentaires

  1. gab

    J’ai dans mes connaissances une personne qui “souffre” de cette maladie. Il l’a su très tard mais à présent il sait vivre avec, grâce à son épouse qui lui concocte des plats sans gluten. Elle est même devenue experte en la matière ! C’est un bon article car il ne fait pas peur.

    Réponse
  2. Mademoiselle Senza Glutine

    J’apprécie beaucoup cet article qui se montre respectueux envers les personnes intolérantes mais non atteintes de la maladie céliaque. Souvent, ces personnes souffrent d’être incomprises par les médecins qui n’accordent pas d’intérêt à leur souffrance, qui est pourtant réelle.
    Jolie découverte que Cookismo pour moi :)
    Bonne fin de journée,
    Céline

    Réponse

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