 Christophe Roussel pose dans sa nouvelle boutique, rue Tardieu à Paris (18ème). © Christelle Vogel
|
| Après son Bar à chocolat dans le 7e arrondissement de Paris, le chocolatier breton Christophe Roussel ouvre à Montmartre sa seconde boutique parisienne. Un univers totalement nouveau fait de chocolat, de macarons et d’hyper-créativité. |
Il manie les couleurs et les saveurs comme un peintre joue avec sa palette. Christophe Roussel aurait pu se fondre parmi les artistes parisiens de la place du Tertre, mais c’est quelques mètres en contre-bas, au pied de la Butte Montmartre, qu’il a installé sa boutique.
Le chocolatier-pâtissier a levé le voile en mai dernier sur sa seconde adresse parisienne, « en duo créatif » avec Julie Haumont, sa muse, spécialiste des arômes et compagne dans la vie.
Le crédo du Breton de 44 ans monté dans la capitale il y a deux ans seulement : en mettre plein la vue, mais toujours en finesse. Oser les mélanges de saveurs insolites et séduire par son audace. “Nous avons élaboré un macaron passion-wasabi, détaille-t-il. Ça peut surprendre de prime abord, mais l’accord est très abouti. Le duo passion-estragon est aussi incroyable.” On peut encore citer le macaron piment d’Espelette-griottes, lavande-abricot, chèvre-tomate-basilic et même saveur mojito.
Christophe Roussel s'est associé l'an passé à Julie Haumont, sa compagne et spécialiste du goût. © Christelle Vogel
Prix de l’innovation 2010
Avec son style pop et coloré, le pâtissier-chocolatier tente de se faire sa place parmi les Michel Cluizel, Jean-Paul Hévin ou autre Foucher qui dominent la capitale côté chocolat. Pour faire son trou face à une telle concurrence, une seule solution : innover. Dans ce domaine, Christophe Roussel sait y faire. Il a raflé l’an dernier l’Award de l’innovation au Salon du Chocolat de Paris et compte à nouveau séduire le jury cette année avec ses « électro-choc », “des barres de chocolat à mi-chemin entre la pâtisserie et le praliné, à savourer même dans la rue.”
Le chocolatier a créé les "petites buttes" (en bas à droite) spécialement pour sa boutique du 18e arrondissement. © Christelle Vogel
Des Buttes à croquer
A Montmartre, l’ancien magasin de souvenirs a changé de décor, pas de clientèle. Dans sa boutique graphique, la langue de Shakespeare est plus usitée que celle de Molière. Pour le petit gars de Carnac, ouvrir à Montmartre un clone de ses boutiques de Guérande ou de La Baule n’avait aucun intérêt. Il s’est donc adapté et mise sur une gamme « touristique ». Le chocolatier a invité la Tour Eiffel dans sa boutique rue Tardieu et l’a transformée en bibliothèque, abritant des tablettes de grands crus à l’effigie de la Dame de fer. La Butte Montmartre, on la croque et savoure chez lui sous forme de chocolat, avant de s’attaquer à son ascension, quelques mètres plus loin. On ose la Butte pêche-thé vert et chocolat blanc, tout en délicatesse ou encore l’association citron-gingembre, très fraîche.
Christophe Roussel présentera ses "Electro'choc" au Salon du chocolat à Paris. © Christelle Vogel
De l’Uruguay à Tahiti
Pour se renouveler, le chocolatier puise son inspiration dans son quotidien. “Les voyages, les expos, les plats dégustés au restaurant, les échanges avec Julie et les collègues m’influencent”, confie-t-il. Globe-trotter, Christophe Roussel a attendu d’avoir côtoyé des chefs de renoms en Uruguay, Suisse, à Saint-Barthélemy ou encore Tahiti, avant de poser ses valises en France.
Il ouvre sa première boutique en Bretagne en 1993 et patiente 15 ans de plus pour s’implanter à Guérande. Là-bas, il utilise au maximum les produits locaux : la fleur de sel, les framboises Tulameen, “les plus savoureuses” et produites spécialement pour lui.
Venir à Paris, il n’y avait jamais songé. C’est la capitale qui est venue à lui. Des touristes parisiens, trop impatients d’attendre l’été pour dévaliser la boutique bauloise de Christophe Roussel, lui ont montré la voie.
La nouvelle boutique affiche un style pop et graphique. © Christelle Vogel
Le rêve américain
En 2009, Christophe Roussel se lance et ouvre son Bar à Chocolat dans le 7ème arrondissement à Paris. Le succès est immédiat. Depuis, il ne cesse de se renouveler en proposant chaque année de nouvelles collections.
Et après Paris ? “New York peut être”. Son rêve: ouvrir un corner dans la ville qui ne dort jamais. De l’autre côté de l’Atlantique, il a participé pour la première fois l’an passé au Chocolat Show, la version US de notre Salon du chocolat parisien. Avec une carte de visite estampillée « World Best Chocolate » et « jury du MOF*», la Grosse Pomme devrait lui fait les yeux doux.
En attendant de réaliser son rêve américain, Christophe Roussel envisage de publier un livre de pâtisserie, “d’ici l’année prochaine” et de lancer des cours de pâtisserie en Bretagne, au sein de ses ateliers. En compagnie du fiston peut être, 17 ans et apprenti de son père à Guérande. Chez les Roussel, on a le chocolat dans le sang.
Christophe Roussel a transformé la Tour Eiffel en bibliothèque à chocolat. © Christelle Vogel
* Meilleur Ouvrier de France
Christelle Vogel
ET AUSSI :
– Mon article sur le Journal des Femmes
– Le parcours gourmand de Christophe Roussel
0 commentaires