Gong fu cha signifie « prendre le temps pour le thé ». Le Gong fu cha n’implique pas, comme la cérémonie japonaise du thé (le cha nu yo), la recherche d’un idéal et le respect de contraintes et d’obligations codifiées. Cette méthode de préparation chinoise héritée de la dynastie Song (Xe-XIIIe siècle) consiste à faire plusieurs infusions consécutives du même thé. L’intérêt du Gong Fu Cha est d’obtenir des infusions successives aux arômes différents, que l’on hume à la fois dans le gobelet de service et dans la petite tasse de dégustation (voir ci-dessous). Cette technique est utilisée essentiellement pour les thés Oolong (bleu-vert, wulong), peu oxydés ou semi-oxydés, mais également pour les thés noirs Pu Er ainsi que pour un certain nombre de thés rouges de Chine comme le Qimen ou le Yunnan. Si le thé est de très bonne qualité on peut aller jusqu’à dix infusions. Avec un thé est de qualité honorable, on se limite à trois infusions.
Pour préparer votre thé au Gong Fu Cha, vous aurez besoin de :–
– Une petite théière en terre cuite d’environ 15-20 cl. Les théières traditionnelles pour le Gong fu cha viennent de la ville de Yixing, réputée pour son argile.
– Un pot à thé en terre cuite avec une petite passoire adaptée
– Des petits gobelets à col étroit (ils permettront de sentir les arômes du thé) associés à des tasses d’une contenance de 3 cl environ. Il est préférable que l’intérieur des tasses soit blanc, pour mieux apprécier la couleur de l’infusion.
– Un plateau ajouré qui accueillera la vaisselle et l’eau versée. A défaut, on utilisera un saladier en terre cuite.
– Une bouilloire
Préparation des ustensiles
On commence par nettoyer le filtre, le pot ainsi que la théière – aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur – avec de l’eau bouillante pour les réchauffer. On remplit les tasses avec l’eau du pot, puis on vide l’eau des tasses sur la théière pour continuer de la réchauffer. Les vapeurs contenues dans la théière chaude vont permettre aux feuilles de thé de commencer à se développer, avant même qu’elles aient été recouvertes d’eau.
Lavage du thé
On place une dose de thé (environ 7 g) de type Lung Ching (un thé oolong, très légèrement oxydé), au fond de la théière. On remplit la théière à moitié avec de l’eau bouillante (95°C). On appelle cela « nettoyer le thé ». Cette première infusion ne va pas être consommée. On la verse dans le pot et dans les tasses, toujours avec cet objectif de les réchauffer. Ensuite, on vide le tout sur la théière, afin de continuer à la réchauffer.
Première infusion du thé
Les feuilles de thé continuent à s’ouvrir légèrement sous l’effet de la vapeur. On se lance alors dans la première « vraie » infusion. On verse doucement l’eau à 95°C sur les feuilles, jusqu’à la moitié de la théière. Au bout de 10 secondes, on verse l’infusion dans le pot recouvert d’un filtre, en prenant soin de vider la théière jusqu’à la dernière goutte, appelée la « perle de rosée » en Chine. On répartit la première infusion dans les gobelets hauts puis on les chapeaute avec la tasse. On retourne le gobelet dans la tasse d’un geste assuré (voir l’illustration ci-dessous, du site theschinois.com). L’infusion est dégustée dans cette petite tasse et le gobelet permet de humer les arômes du thé, qui vont évoluer au fil des infusions.
Deuxième infusion du thé
On voit que la feuille de thé est encore bien roulée dans la théière. Elle peut donc encore libérer son arôme. On procède alors à la deuxième infusion, de la même manière que pour la première. La liqueur est beaucoup plus foncée et plus corsée. Les arômes sont plus concentrés. Selon les thés utilisés, il est possible de doubler voire tripler le temps d’infusion de cette seconde infusion et de rallonger également le temps des infusions qui suivent.
Les infusions suivantes
Tant que les feuilles de thé ne sont pas complétement déroulées dans la théière, il est possible de procéder à de nouvelles infusions. Elles peuvent aller jusqu’à dix, pour un très bon thé de Chine.
Cookismo, c’est moi, Christelle Vogel. Alsacienne d’origine, élevée au kouglof et à d’autres recettes alsaciennes traditionnelles, je suis aujourd’hui convertie au sans gluten. Vous trouverez encore néanmoins sur mon blog des archives de mon ancienne vie culinaire :). J’ai dirigé la rédaction Cuisine du Journal des Femmes pendant 3 ans. Actuellement journaliste et consultante freelance, je collabore avec Vital Food, Top Santé, et d’autres sites de nutrition et gastronomie. Depuis février 2017, Monsieur Cookismo et moi vivons à Bordeaux.
J’ai eu l’occasion de déguster un thé avec cette cérémonie chez un ami avertit. Pour un grand cru millésimé le nombre d’infusions peut même s’élever à une quinzaine.
C’est une expérience de détente incomparable tant l’évolution des saveurs au fil des infusions est impressionante.
Merci pour le détail de la cérémonie.
Qu’il est bon de “prendre le temps pour le thé”… Surtout lorsque ledit thé est de qualité et que les participants savent apprécier pleinement le produit et le moment. Je prépare souvent mes thés Wulong en Gong Fu Cha mais n’est encore jamais eu l’occasion de participer à ce moment de dégustation en groupe. Merci pour votre partage d’expérience Penof.